Le rôle du phosphore dans la production de tomate

Le rôle du phosphore dans la production de tomate

Introduction

Dans notre précédent numéro, nous avions introduit le sujet par des considérations relatives à la place d’une fertilisation conséquente et à son impact sur la productivité et la qualité des produits. Puis nous avons fourni des rappels sur la nutrition de la tomate en rapport avec les exportations et les apports d’engrais sur base d’un niveau de rendement adapté à nos conditions et avec des éléments de plan de fumure permettant de maximiser les résultats attendus.

Dans cette seconde et dernière partie, nous discuterons du rôle des éléments majeurs et secondaires avec un accent mis sur l’élément Phosphore (P2O5), des carences et toxicités, de leurs symptômes spécifiques respectifs et enfin des mesures correcti ves et préventi ves suggérées pour la réussite des productions de tomate.

1. Considérations sur le rôle des macroéléments
L’azote N (du latin nitrogenium) est indispensable à la croissance et au dével oppement de toutes les plantes cultivées. En tant que composant de la chlorophylle, il joue un rôle vital dans la photosynthèse. L’azote entre également dans la composition des acides aminés, des protéines et des enzymes. Outre les engrais chimiques, on peut le trouver dans du sang desséché (11%), les cornes broyée (13%), etc. De même, le jus de plumes des volailles est très riche en azote, mais aussi en oligo- éléments.

Le phosphore, P (du grec phosphoros) est le régulateur de croissance des plantes au niveau des racines, des tiges et des fleurs et qui agit au niveau de toutes les cellules de la plante. En effet, il intervient dans la photosynthèse et la synthèse des enzymes et des protéines.
Il joue aussi un rôle important dans la division des cellules, la synthèse et le transport des sucres et des amidons. Le phosphore est présent entre autres sources dans la poudre d’os (16%).
Par ailleurs, le phosphore, de part les molécules énergétiques dont il entre dans la composition, est un élément capital de la phase de reproduction des plantes. A insi, on remarque une redistribution du phosphore vers les bourgeons lors de la
floraison (mise à fleur). En plus d’être essentiel pour les premiers stades de croissances d’une plante (car il renforce l’enracinement), le phosphore l’est aussi durant la floraison.

Le potassium, K (du latin kalium) est essentiel pour la mise à fleurs et à fruits. Il influe également sur l’absorption de l’eau par les racines et joue un rôle dans la respiration des plantes et dans la photosynthèse. Il participe à l’élaboration des sucres et renforce la résistance des plantes face aux maladies. En plus des sources habituelles, on le trouve dans les cendres. Les algues sont également riches en potassium et en oligoéléments. Le calcium est un constituant essentiel des parois cellulaires. Il intervient également dans le métabolisme et la formation du noyau cellulaire. Le pectinate de calcium présent dans les parois cellulaires fournit une barrière physique à l’entrée des agents pathogènes. Le calcium migre peu à l’intérieur de la plante. Sa disponibilité en rapport avec l’eau sera déterminante pour éviter la nécrose apicale.

Le magnésium est un constituant essentiel de la chlorophylle. Il intervient aussi dans la synthèse des sucres, des huiles et des graisses.

2. Le phosphore et la tomate
Rôle spécifique du phosphore sur culture de tomate

Le phosphore améliore la précocité des plantes par une synthèse et un stockage effi cace des produits de la photosynthèse (glucides) et contribue à l’amélioration de la résistance aux intempéries (froid, vent, etc.). En définitive, en tant que composant des acides nucléiques (ADN et ARN), il est essentiel pour le transfert d’énergie au sein de la plante et influe donc directement sur la qualité et le rendement (teneur en sucres, en huiles essentielles et conservation). Le tableau 1 suivant précise les rôles spécifiques du phosphore sur la culture en fonction des phases phénologiques.

Principaux signes et effets de carences
En cas de carence en phosphore, les feuilles de tomate sont rigides et dressées. Leur couleur passe du vert sombre au vert bleuté. Les tiges sont minces, fibreuses et de coloration violacée. La floraison et la nouaison sont médiocres, les fruits sont petits, fermes et prématurément jaunes. Chez certains cultivars, la carence en phosphore peut aussi se manifester par l’apparition de petites zones interveinales brunes sur les feuilles inférieures de la plante. La planche suivante compare les symptômes de carence du phosphore à ceux du potassium et de l’azote sur tomate.

La toxicité du phosphore
Les symptômes de l’excès de phosphore sont plus difficiles à mettre en évidence. En effet, les seuils de toxicité sont très variables selon les espèces de plantes cultivées. Mais on constate cependant une croissance des racines au profit des parties aériennes. Par ailleurs, comme il est indiqué précédemment, cet excès de phosphore peut induire des carences en zinc et cuivre.

Caractéristiques des sols carencés et mesures correctives et/ou préventives
Les conditions suivantes peuvent être à l’origine de la carence de phosphore avec ses conséquences sur le rendement et la qualité des produits:
+ Sols très acides (pH inférieur à 5,0) ;
+ Sols alcalins (pH supérieur à 7,5) ;
+ Sols insuffisamment approvisionnés en Phosphore.
Les mesures à prendre incluent les actions suivantes selon les cas:
Fertilisation phosphatée adaptée au pH : scories et phosphates naturels pour les sols acides à neutres et superphosphate pour les sols neutres à alcalins. On peut également ramener le pH du sol à un niveau neutre à légèrement acide.

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